Dans cette interview informative, le professeur Méité Syndou, enseignant-chercheur, aborde les enjeux liés à la variole du singe, notamment son évolution, son impact sur la santé mondiale et les moyens de prévention. Le microbiologiste ivoirien souligne l’importance d’une vigilance collective et d’un système de santé renforcé pour lutter contre cette maladie. Le responsable du département de virologie de l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire insiste également sur le rôle crucial des autorités sanitaires et des professionnels de santé dans la diffusion d’informations précises et fiables afin de protéger la population. Interview!
Pouvez-vous expliquer, pour le grand public, ce qu’est la variole du singe ?
Pour que tout le monde comprenne, la variole du singe est une maladie provoquée par un virus appelé virus Mpox. Auparavant, on l’appelait « virus Monkeypox » ou « virus de la variole du singe », simplement parce que le premier cas a été identifié chez des primates non humains, tels que les singes, d’où le nom. Cependant, cela ne signifie pas que c’est une maladie spécifique aux singes ; cela n’a rien à voir avec cela. C’est juste que le premier cas a été isolé chez ces animaux.
Pour éviter toute confusion avec les singes, l’OMS a renommé le virus en « virus Mpox ». On parle également de zoonose, car il s’agit d’une maladie transmise par les animaux. La variole du singe se manifeste généralement par des éruptions cutanées (boutons) accompagnées de fièvre.
Quelle est la différence entre la variole du singe et la variole humaine ?
La variole humaine, en termes de tableau clinique, présente pratiquement les mêmes symptômes que la variole du singe. Cependant, la variole humaine est provoquée par un virus de la même famille que celui du Mpox. Les deux virus appartiennent à la même famille et au même genre, celui des Orthopoxvirus. La grande différence réside dans le fait que la variole humaine n’affecte que les humains.
D’ailleurs, l’éradication de la variole humaine a été relativement facile, car le virus n’avait pas d’autre réservoir que l’homme. Grâce à la vaccination, elle a été éradiquée dans les années 1980. Une fois éliminée chez l’homme, il n’y avait plus de réservoirs pour le virus.
À l’inverse, le virus Mpox circule non seulement chez les humains, mais également chez les animaux, ce qui constitue l’une des principales différences entre les deux. Bien qu’ils appartiennent au même genre, la variole humaine ne touche que l’homme, tandis que le virus Mpox se transmet également entre les humains et les animaux.
Il est également important de souligner que la variole humaine était plus sévère que la variole du singe. Le taux de mortalité de la variole humaine variait entre 30 et 50 %, tandis que celui du virus Mpox est généralement inférieur à 10 %.
Y a-t-il une différence entre le Covid-19 et la variole humaine ?
Si l’on compare leur structure, les virus responsables de ces maladies sont très différents. En ce qui concerne le tableau clinique, les deux maladies ne se manifestent pas de la même manière. Le Covid-19, causé par le SARS-CoV-2, entraîne principalement des maladies respiratoires, tandis que la variole humaine provoque des maladies cutanées (maladies de peau).
Ainsi, ce sont deux maladies totalement distinctes, tant sur le plan viral que clinique.
On entend dire sur les réseaux sociaux que certaines maladies, comme le Mpox, ont été inventées pour exterminer l’humanité. Qu’en pensez-vous ?
Je pense que ce sont des affirmations qui réapparaissent à chaque fois qu’il y a un problème de santé, surtout lié au virus. Nous l’avons également vu avec le Covid-19. Concernant le Mpox, il n’y a aucune preuve pour soutenir ces théories. C’est un virus qui existe réellement. En effet, il a été mis en évidence pour la première fois en 1958. Ce n’est pas une découverte récente. C’était au Danemark, dans un zoo, à travers des primates non humains qui avaient été en contact avec des singes d’Afrique. Le premier cas humain a été déterminé dans les années 70 en République Démocratique du Congo, qui s’appelait à l’époque le Zaïre. En Côte d’Ivoire, ce n’est pas la première fois que le virus du Mpox apparaît. Dans les années 70-80, un cas a été enregistré dans la région d’Abengourou, plus précisément dans la forêt de la réserve naturelle de Bossématié, ainsi que dans le village de Gbétitapia, dans la zone de Daloa. En 2012, il y a eu des cas chez des primates dans la forêt de Taï. C’est un virus qui est présent depuis un certain temps.
Il est important de noter que cela n’a rien à voir avec extermination de la race humaine.
Alors, qu’est-ce qui explique la recrudescence du Mpox ces temps-ci ?
Ce virus existe depuis un certain temps, mais il réémerge en raison de facteurs tels que le changement climatique, l’urbanisation, l’agriculture intensive, la déforestation etc.
Ces facteurs favorisent le contact entre l’homme et les animaux. Cela conduit à l’émergence du Mpox par transmission du virus de l’animal à l’homme.
Est-ce que le Mpox est contagieux ?
Oui, la maladie Mpox est contagieuse par transmission de l’animal contaminé à l’homme sain et de l’homme malade à l’homme sain.
Les écureuils, les rats et d’autres rongeurs que les gens adorent consommer sont généralement en contact avec ces animaux, ce qui entraîne les premiers cas de Mpox. À partir de ces premiers cas, des transmissions interhumaines peuvent se produire.
Quelles sont les différentes voies de transmission du Mpox ?
Dans un premier temps, la transmission se fait à travers les animaux, que ce soit par manipulation ou consommation. Par la suite, la contamination peut se faire d’homme à homme, généralement par contact avec des lésions. Cela peut inclure des contacts directs, comme toucher les lésions, ou des contacts indirects, par exemple à travers des vêtements portés par une personne infectée ou des draps où elle a dormi. Ces modes de transmission sont également possibles. La transmission respiratoire ne peut pas être écartée. Avant l’apparition des boutons, il peut y avoir une phase de symptômes, comme de la fièvre ou de la toux. Pendant cette phase, la transmission par voie respiratoire peut également se produire.
Il est également possible de se contaminer par le biais d’objets contaminés. Si vous manipulez une surface ou un objet contaminé, il est probable que vous vous contaminiez.
Le personnel médical est également exposé s’il ne prend pas de mesures de protection individuelle à l’hôpital, notamment s’il entre en contact avec des patients infectés.
Le virus peut également rester actif sur des surfaces pendant un certain temps, ce qui constitue un risque de transmission.
De plus, il existe une transmission verticale, c’est-à-dire de la mère à l’enfant. Une femme enceinte qui contracte la maladie peut transmettre le virus à son bébé.
Pour la transmission sexuelle, depuis 2022, avec l’apparition de nouveaux sous-clades, appelés généralement sous-clades B, on a constaté également une transmission sexuelle par contact. Cela représente une nouveauté dans le tableau des modes de transmission. Avant les années 2020, on ne parlait pas de transmission sexuelle, mais il a été prouvé qu’elle est possible aujourd’hui.
On parle donc de transmission par contact, car il est normal que toucher des lésions au niveau des organes génitaux puisse entraîner une transmission.
À partir de quel moment exactement une personne malade peut-elle transmettre la maladie à quelqu’un d’autre ?
En général, après la contamination, il y a une phase d’incubation. Cette phase est le temps qui sépare la contamination et l’apparition des premiers signes. Pour le Mpox, cette phase dure entre 5 et 21 jours, pendant laquelle la personne ne présente aucun symptôme.
Ensuite, il y a la phase pré-éruptive, où il n’y a pas encore d’éruptions, mais où la personne commence à la fièvre et d’autres symptômes. Pendant cette période, , il est possible de transmettre le virus par voie respiratoire, car le virus peut déjà être présent dans la gorge. Cette phase pré-éruptive dure généralement entre 3 et 4 jours.
La phase éruptive correspond à l’apparition des boutons, le risque de transmission est plus élevé pendant cette phase.
Est-ce que les personnes LGBT et les travailleuses du sexe constituent aussi des facteurs de transmission ?
En ce qui concerne la transmission du virus Mpox (variole du singe) chez les personnes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres), il est important de clarifier certains points. La transmission sexuelle a principalement été détectée au sein des réseaux de personnes LGBT, en particulier chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, lors de l’émergence de nouveaux sous-types du virus en 2022, comme le clade IIb. Cependant, cela ne signifie que ce sont les LGBT qui sont concernés par la transmission sexuelle. La transmission est aussi hétérosexuelle.
Le virus Mpox se transmet principalement par contact direct avec des lésions cutanées infectées, des fluides corporels, ou exclusivement via des objets contaminés. La transmission sexuelle a été identifiée parce que le virus peut être présent dans les lésions cutanées des parties génitales, ce qui augmente le risque de transmission lors de contacts intimes. La transmission sexuelle concerne tout le monde
Est-ce que nos animaux domestiques sont-ils de potentiels vecteurs de transmission du Mpox virus ?
Il y a eu des animaux domestiques qui ont été en contact avec des personnes malades, et généralement, aucun virus n’a été détecté chez eux. Cependant, certains d’entre eux ont montré la présence d’anticorps dirigés contre le virus. Cela signifie qu’à un moment donné, ces animaux ont pu être exposés au virus.
Cette question de transmission possible à travers les animaux domestiques reste à prouver, mais aussi la possibilité de la transmission du virus de l’homme à l’animal domestique doit être aussi une préoccupation. Il est important de souligner qu’il n’y a pas de risque zéro.
Comment ces symptômes évoluent-ils au fil du temps, après la période d’incubation ?
Après la période d’incubation, où il n’y a aucun signe visible, la personne commence à développer la fièvre. Cette phase peut également être accompagnée d’une augmentation des ganglions lymphatiques, ce qu’on appelle la lymphadénopathie. Ce phénomène est une réaction immunitaire,. D’autres symptômes comme l’asthénie, la fatigue et des douleurs corporelles, qui ne sont pas spécifiques à cette maladie peuvent être observés.
Après cette phase initiale, les éruptions cutanées apparaissent. Elles commencent par des macules, qui sont de petites plaques. Ensuite, ces macules se transforment en pustules. Les pustules se développent ensuite en vésicules, qui sont des boutons remplis de liquide. À la fin de ce processus, les vésicules se rompent, sèchent et forment des croûtes.
Lorsque ces croûtes se forment, la personne tend vers la phase de guérison. Cependant, il peut rester des cicatrices après la guérison. C’est l’évolution naturelle de la maladie.
Et les personnes qui ont des maladies chroniques, comme le diabète et l’hypertension artérielle ?
Les complications sont possibles chez ces personnes, car elles sont déjà fragiles. Les individus atteints de diabète, de VIH ou d’autres maladies chroniques sont souvent plus susceptibles de développer des formes sévères de la maladie. Ces formes sévères peuvent, malheureusement, entraîner des complications graves et, dans certains cas, conduire au décès.
Pour ce qui est de la Côte d’Ivoire, nous avons déjà enregistré un décès lié à la variole du singe, et cela est surtout dû à la présence d’autres pathologies associées. En l’absence d’autres problèmes de santé associés, l’évolution est généralement favorable, avec 80 à 90 % des cas conduisant vers la guérison.
Il est donc essentiel que ces personnes prennent des précautions pour éviter l’exposition au Mpoxvirus, car la situation peut rapidement se compliquer.
Comment arrivez-vous à diagnostiquer ou à détecter cette maladie dans les laboratoires de l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire (IPCI) ?
Au niveau du laboratoire, plusieurs méthodes de diagnostic existent. Toutefois, la méthode de diagnostic la plus reconnue et utilisée en cas d’épidémie est la biologie moléculaire. L’une des techniques utilisées est la PCR (réaction en chaîne par polymérase), qui permet de détecter le virus.
Il est important de noter que le laboratoire n’est pas en contact direct avec les malades. Les médecins des districts, qui ont été formés à la détection des cas suspects, sont chargés d’identifier ces cas. Par exemple, une personne présentant des éruptions cutanées accompagnées de fièvre est considérée comme un cas suspect.
Pour ces cas, les procédures de prélèvement ont été mises en place. Les prélèvements se font sur les liquides provenant des boutons ou sur les croutes. Le virus ne dure pas trop dans le sang, donc le prélèvement de sang n’est pas le mieux indiqué, car le prélèvement de sang pourrait donner des résultats faussement négatifs.
Quelles sont les étapes et les précautions prises lors du prélèvement et du transport des échantillons pour le diagnostic du Mpox au laboratoire de l’IPCI ?
On prélève donc le liquide des vésicules (boutons) avec les écouvillons ou des croûtes s’il n’y a plus de vésicules. Ces échantillons sont ensuite transportés dans des conditions sécurisées, à l’aide d’un triple emballage avec des accumulateurs de froid, afin de respecter la chaîne du froid jusqu’au laboratoire.
À l’arrivée au laboratoire, toutes les mesures de biosécurité sont strictement appliquées pour la réception des échantillons. Puis on procède ensuite à l’extraction de l’ADN du virus sous PSM II (poste de sécurité microbiologique type II), qui sera amplifié par PCR pour confirmer la présence du virus.
Une fois que la présence du Mpoxvirus est confirmé, la prochaine étape consiste à identifier le clade de Mpoxvirus, notamment s’il s’agit du clade i, trouvé en Afrique centrale, ou du clade II, présent en Afrique de l’Ouest. . Une fois le clade identifié, il faudra déterminer le sous-clade : est-ce le clade Ia, Ib, IIa ou IIb ? La distinction des sous clades se fait par la technique du séquençage. Cette distinction des sous clades est important pour la riposte.
Les sous-clades a représentent les virus anciens qui circulaient auparavant, que ce soit le Ia en RDC ou le IIa en Afrique de l’Ouest.
Aujourd’hui, le problème majeur réside dans les sous-clades b, notamment le IIb, qui présente une tendance à la transmission sexuelle et responsable de la propagation du virus à travers le monde en 2022, et le Ib, qui est actuellement responsable d’une épidémie au Sud-Kivu (RDC), s’étend également au Rwanda. C’est en raison de la présence des sous-clades b que l’OMS a déclaré une urgence sanitaire internationale afin de maîtriser la situation.
Les tests PCR utilisés pour diagnostiquer le virus Mpox sont-ils considérés comme fiables, et comment est assurée la qualité de ces diagnostics en laboratoire ?
Les tests PCR sont donc largement utilisés pour diagnostiquer le virus Mpox, tout comme ils l’ont été pour la Covid-19. La biologie moléculaire, en particulier la méthode PCR, est considérée comme une technique fiable. Il existe différents kits de PCR, mais des contrôles sont effectués pour garantir l’exactitude des résultats. Cela assure la qualité et la fiabilité des diagnostics en laboratoire.
Le diagnostic de cette maladie peut-il se confondre avec d’autres maladies ? Si oui, lesquels ?
Le diagnostic du virus Mpox peut effectivement se confondre avec d’autres maladies, notamment la varicelle, car les deux présentent des symptômes similaires, comme l’apparition de boutons. Cliniquement, il peut être difficile de distinguer les deux maladies. C’est pourquoi, les tests PCR varicelle sont faits sur les cas de PCR négatifs pour au Mpoxvirus.
Quelles sont les mesures de prévention individuelle et collectives recommandées pour éviter la transmission du virus Mpox ?
La prévention contre le virus Mpox (variole du singe) repose sur plusieurs mesures à différents niveaux, visant à limiter la propagation et à protéger les individus. Pour les personnes infectées, il est d’abord essentiel d’obtenir un diagnostic rapide. En cas de suspicion, il est crucial de confirmer rapidement l’infection, car plus le diagnostic est retardé, plus le risque de transmission à d’autres personnes augmente. Ensuite, l’isolement des malades est nécessaire. Cela signifie que dès qu’un cas est confirmé, la personne doit être isolée pour interrompre la chaîne de transmission, empêchant ainsi les contacts directs et limitant la propagation. Enfin, la surveillance des contacts est primordiale. Cela signifie que les personnes qui ont été en contact avec le malade avant le diagnostic doivent être surveillées. Si elles présentent des symptômes comme la fièvre, des prélèvements sont effectués pour vérifier si elles sont également infectées.
Quelles sont les mesures de prévention recommandées pour le personnel soignant en contact avec des patients atteints de Mpox ?
Pour le personnel soignant, il est préconisé de porter des équipements de protection individuelle (EPI). Le personnel en contact direct avec les malades doit utiliser des EPI tels que des masques, des gants et des blouses pour éviter toute exposition au virus. Il est également essentiel de suivre des mesures d’hygiène strictes, comme le lavage régulier des mains après tout contact avec un malade ou des objets potentiellement contaminés, afin de prévenir la transmission.
Quelles sont les recommandations pour la population afin de prévenir la transmission du virus Mpox ?
Pour la population, il est recommandé d’éviter tout contact avec les malades. Il ne faut pas toucher les personnes présentant des éruptions cutanées ou des boutons et éviter tout contact avec leurs des draps et vêtements ou objets personnels. Il est également important d’éviter de manipuler les animaux, notamment les animaux sauvages vivants ou morts, car ils peuvent être des sources de transmission. La mesure principale est de respecter une bonne hygiène personnelle. Il est vivement conseillé de se laver fréquemment les mains avec du savon, surtout après un contact avec des personnes malades ou des animaux.
La COVID-19 est connue pour sa contagiosité élevée, ce qui a conduit à des mesures strictes telles que le confinement en Côte d’Ivoire. Doit-on craindre des mesures similaires pour la variole du singe (Mpox) en raison de son mode de transmission et de ses symptômes visibles ?
Non ! Un confinement général n’est pas nécessaire dans le cas du Mpox, car les modes de transmission sont différents. Contrairement à la COVID-19, le mode de transmission du virus Mpox est principalement par contact direct avec les lésions cutanées infectées ou des objets contaminés, et non par la voie aérienne principalement comme le virus de la COVID19. Le risque de contamination est plus élevé dans la COVID19 que le Mpox
Le virus de la COVID-19 est plus contagieuse que le la variole du singe (Mpoxvirus), ce qui réduit considérablement le risque de confinement pour cette dernière. Il n’y a pas de risque de confinement à grande échelle avec le Mpox, mais certaines mesures de prévention spécifiques peuvent être prises. Par exemple, une personne présentant des boutons pouvant faire évoquer le Mpox ne sera pas autorisée à voyager sans avoir éliminé pour éviter la contamination, mais globalement, le risque de propagation massive ne justifie pas des mesures aussi strictes que celles prises pour la COVID-19.
Quels sont les groupes de personnes prioritaires pour la vaccination contre le virus Mpox, et existe-t-il des contre-indications à la vaccination ?
La vaccination contre le virus Mpox (variole du singe) n’est pas forcément destinée à tout le monde selon les pays. Elle est ciblée parfois. Elle pourrait être recommandée pour des groupes spécifiques, notamment les personnes à risque. Si une personne présente des contre-indications au vaccin, elle ne peut ne pas être pas vaccinée pour éviter des complications. Par exemple, en Europe, lors de la vague de 2022, la vaccination a ciblé des groupes à risque.
Quelles sont les séquelles potentielles chez une personne ayant contracté le virus Mpox, et quels aspects psychosociaux doivent être pris en compte dans la gestion de la maladie ?
La personne qui a contracté la maladie, l’évolution est généralement favorable sans séquelles majeurs mais la maladie peut laisser quelques cicatrices,.² Elle va avoir des éruptions cutanées, mais les choses vont rentrer dans l’ordre normalement. Il est vrai que, par le passé, la variole pouvait parfois laisser des cicatrices à vie, mais nous ne sommes pas à ce stade avec le Mpox.
Cependant, il peut y avoir un impact psychosocial, car les gens n’ont souvent pas une bonne compréhension de la maladie. De plus, beaucoup d’enfants, notamment des élèves, sont concernés par cette maladie, ce qui peut entraîner une discrimination sociale. Quand on annonce qu’un enfant a contracté la variole du singe, cela peut susciter des inquiétudes.
Il est important de prendre en compte l’aspect psychologique pour expliquer que c’est une maladie comme une autre et qu’elle n’est pas liée à une maladie de singe. Une fois qu’une personne a eu ses éruptions et qu’elle est guérie, il n’y a plus de raison de craindre la personne.
Est-il possible de contracter à nouveau la variole du singe après avoir été guéri une première fois ?
Non, généralement, cette maladie entraîne une forte immunisation. Lorsque vous contractez le virus une fois, c’est souvent comme si vous avez été vacciné. Une forte immunité s’installe alors dans l’organisme. Chaque personne a son propre niveau d’immunité, mais en règle générale, une forte immunité se développe après avoir été exposé au Mpoxvirus.
Ce n’est pas du tout comparable à la COVID-19, où il est possible de contracter la maladie plusieurs fois. Dans le cas du Mpox, il y a une forte immunité qui se met en place après la première infection.
Vous êtes catégorique, il n’y a pas de résurgence de la maladie après ?
Non, je ne dis pas que je suis catégorique. Cependant, il est vrai qu’une forte immunité s’installe chez la personne qui a contracté la maladie. Cela dit, il pourrait y avoir des cas particuliers où des problèmes d’immunité faibles surviennent, notamment en présence d’autres maladies.
Il est important de savoir qu’avec ce groupe de virus, une forte immunité s’établit généralement.
Cela signifie-t-il que la personne peut résister ?
Oui, je ne dirai pas résister à la maladie mais plutôt immunisé vis à vis du virus. En effet, quand je dis qu’il est immunisé, cela signifie que la personne a développé des anticorps qui l’aideront à ne pas contracter la maladie à nouveau.
Est-ce que la médecine traditionnelle peut avoir un effet sur la maladie ?
Concernant la médecine traditionnelle, je ne dis pas que la médecine traditionnelle ne peut rien faire. Peut-être qu’ils ont des médicaments. Mais quand vous observez l’évolution de la maladie, que vous ayez recours à la médecine traditionnelle ou pas, vous constaterez que, si vous restez à la maison en utilisant simplement des antiseptiques sur vos lésions avec une hygiène appropriée, l’évolution est généralement favorable. Le processus mène toujours à la guérison, s’il n’y a pas de surinfection ou autres maladies associées.
Si vous consultez un tradipraticien qui vous traite sans provoquer de surinfection, cela finira par guérir. Vous pourriez alors dire que c’est lui qui vous a soigné.
Je ne peux pas affirmer aujourd’hui que la médecine traditionnelle ne peut rien faire. Elle peut avoir un impact, mais je sais que l’évolution de la maladie tend généralement vers la guérison. Il est essentiel de respecter les conditions d’hygiène, le confinement du malade et d’appliquer des antiseptiques sur les boutons. Le malade guérira et évitera également de contaminer les autres, ce qui est important.
Est-ce que les recherches sont en cours pour mieux comprendre et traiter la maladie ?
Je pense qu’il y a effectivement des recherches en cours, tant au niveau de la médecine humaine que de la médecine vétérinaire, car c’est une maladie qui touche également les animaux. Il y a plusieurs pistes de recherche
On cherche toujours à identifier le réservoir où le virus se cache, ainsi que l’animal impliqué. Il est vrai que les rongeurs, les écureuils et d’autres espèces ont été soupçonnés, mais il est essentiel de fournir des preuves scientifiques pour confirmer quel est le réservoir exact. Ce sont des pistes de recherche actuellement explorées.
De plus, on se demande pourquoi, alors que ce virus était présent depuis des années, les choses ont radicalement changé à partir de 2021-2022, avec l’apparition de nouvelles épidémies. Qu’est-ce qui a pu provoquer ces changements ? Il est crucial de comprendre cette situation.
Même ici, en 2024, nous continuons de voir des cas. Ce n’est pas limité à une zone spécifique. En regardant la carte, on constate que les cas sont répandus un peu partout. Il est impératif de déterminer ce qui a conduit à cette situation, et la recherche est essentielle pour répondre à ces questions. De nombreuses études sont en cours et les chercheurs travaillent activement sur ce sujet.
Pensez-vous que le virus Mpox pourrait devenir une menace plus grande pour l’avenir ? Pourquoi ?
Ce sont des virus et ils évoluent. Je pense qu’il est déjà une menace. Quand, on regarde l’évolution entre les années 1951 et 1970, il y avait quelques cas isolés ici et là. Avant 2020, ce virus ne concernait que l’Afrique, à l’exception de 2003, où une petite épidémie aux États-Unis a été enregistrée.
Depuis 2022, nous constatons une propagation au niveau mondial. Pratiquement tout le monde est concerné par son impact actuel. Donc, il est impératif d’agir maintenant. On ne peut pas dire que cela va devenir une menace ; c’est déjà une menace.
Que peut faire le gouvernement et les organisations internationales pour mieux se préparer contre d’éventuelles épidémies ?
C’est précisément ce qu’ils sont en train de faire : renforcer les systèmes de santé. C’est essentiel. Il faut continuer à investir dans le système de santé.
Il est également crucial de renforcer notre système de surveillance. Si ce dernier est bien consolidé, les cas peuvent être détectés très rapidement, même si l’on se trouve éloigné d’Abidjan. Lorsqu’un cas est identifié rapidement, cela permet de mettre en œuvre des mesures de prévention plus efficaces.
Ainsi, les priorités sont de renforcer le système de santé et de renforcer également le système de surveillance. Il est nécessaire d’équiper les laboratoires, en veillant à ce qu’il y ait des installations aux normes pour le diagnostic, même en dehors d’Abidjan. Les laboratoires régionaux doivent également être renforcés pour gérer ces situations au niveau local.
Enfin, la formation du personnel doit être renforcée pour garantir que ceux qui sont en première ligne de la riposte sanitaire soient bien préparés et compétents.
Ces efforts sont mis en route par le gouvernement avec l’appui des partenaires internationaux dans un contexte ONEHEALTH (prise en compte de la santé humaine, animale et de l’environnement)
Avant de terminer, quel est votre message que vous aimeriez transmettre au public concernant la Mpox ?
Le message que je souhaite transmettre au public est de respecter les conseils donnés par les professionnels de la santé. Il est vrai que c’est une maladie qui fait son apparition, mais nous pouvons rapidement la freiner si tout le monde s’implique.
Il est important que la population suive les recommandations en matière de prévention et de mesures sanitaires. Par exemple, lorsqu’une personne est malade, il est crucial de prendre contact rapidement avec un établissement de santé et de ne pas se cacher ou tenter de se soigner soi-même, ce qui pourrait exposer les autres au virus.
Dès que vous ressentez des symptômes, il faut se rendre rapidement à l’hôpital. Ce n’est pas une fatalité. Lorsque la maladie est détectée tôt, vous bénéficierez d’une prise en charge adéquate. Cela permet d’éviter la propagation de la maladie, et les soins administrés permettent de rétablir la santé plus rapidement.
De plus, même si l’on parle de variole du singe, il est important de préciser que ce n’est pas uniquement une maladie liée aux singes. C’est un virus que n’importe qui peut contracter et qui peut entraîner des boutons. Mais rassurez-vous, cela peut se soigner rapidement.
Il est donc essentiel de respecter les données des consignes par les autorités de santé.
Comment les gens peuvent-ils se tenir informés des développements concernant cette maladie ?
Pour s’informer, je pense qu’il y a plusieurs moyens. Déjà, il y a l’INHP (Institut National de la Santé Publique) qui joue un rôle crucial. Le ministère de la Santé diffuse également des messages d’information. C’est essentiel de suivre régulièrement les informations officielles qui sont fournies. Il y a également les différentes structures sanitaires pour vous donner les informations justes.
Il est important de ne pas se fier à des informations sensationnelles trouvées sur Internet, car elles peuvent parfois être inexactes. Il vaut mieux s’en tenir aux communications officielles du ministère de la Santé.
De plus, écouter les informations diffusées par les stations de radio est une bonne source d’actualités, car certaines radios partagent également des messages concernant la maladie.
Enfin, n’hésitez pas à consulter un professionnel de la santé pour obtenir des informations précises et fiables sur la maladie.
Interview réalisée par Patrick KROU en collaboration avec le Service Communication IPCI